Opinion| Mais que se passe-t’il en Algérie!? par Yasmine, Algeria

En Algérie, il se passe que des hectares de terre brûlent, que des gens fuient leurs domiciles, qu’à 8h du matin il fait déjà une chaleur asphyxiante et on manque d’oxygène.

 

Il se passe que même à l’hôpital, on manque cruellement d’oxygène aussi. Celui-là qui tient des centaines de malades en vie.

 

Il se passe que le personnel de santé suffoque, qu’il est à bout, certains survivent et d’autres meurent, ces derniers qui ne figurent même pas dans les statistiques internationales et que l’on aime uniquement lorsqu’ils sont partis mais après tout, on n’a rien à offrir à ce médecin, il paraît qu’il a déjà tout ce qu’il veut, tout ce dont il a besoin, il peut aller où il veut quand il veut et qu’en plus, de toute façon il n’est jamais là quand on en a besoin.

 

Il se passe que une jeune fille a été tuée par son frère, qu’il a noué son propre foulard autour de son cou. Que son frère est un brave homme. Que cette fille était sûrement une salope. Qu’elle le méritait !

 

Il se passe que des centaines de gens n’ont plus quoi manger, qu’ils ont été licenciés, qu’ils ont mis la clé sous le paillasson et gare à eux si ils parlent ou si ils se plaignent, Dieu seul sait ce qui les attend.

 

Il se passe que des membres de toute une famille ont été renvoyés d’un petit lieu touristique comme il en existe peu ou pas en Algérie, pourquoi ? Parce que une jeune fille venue avec eux portait une mini-jupe. On marchera quand même vendredi pour nos libertés bafouées mais on promet de ne jamais vous foutre la paix !

 

Il se passe que personne ne veut travailler mais tout le monde préfère être éboueur à Paris.

 

Il se passe que des centaines de gens n’ont pas pu rejoindre leurs pays depuis des mois, qu’ils sont à la rue, qu’ils n’arrêtent pas de crier leurs misères mais que hamdoullah Macron nous a remis des crânes quand on lui a offert des cerveaux.

 

Il se passe que les études -à tous les niveaux- sont suspendues sans aucune perspective, aucune alternative, que les décisions sautent comme des sauterelles et que l’intérêt de l’autre ne nous intéresse surtout pas.

 

Il se passe que de toute façon, l’ennemi avéré de l’Algérie est l’état mais que son ennemi caché et vénéneux est son peuple.

 

Il se passe que aucun X ou Y ne vit comme il veut, que tout le monde foure son nez là où il ne faut pas, que l’on s’occupe mieux des affaires de son voisin que des siennes, que l’on remarque la longueur de la jupe de madame x mais pas la saleté qu’on dégage, qu’on se l’ouvre plus que l’on réfléchit, qu’on obéit à toutes nos impulsions et que l’on vit à l’état animal.

 

Il se passe que l’on chasse l’homme/la femme libre partout jusqu’à prison ou jusqu’à faire de sa vie une prison.

Il se passe que les temps sont durs, que les crises s’enchaînent et que les esprits se déchaînent mais qu’il n’y a apparemment pas de solution.

Il se passe que l’on a juré de n’aimer ni la femme, ni l’amour, ni l’enfant, ni le progrès, ni la paix !

 

Il se passe que, je suis sincèrement et profondément exténuée.