Semaine de la santé mentale: Depression Post Partum; Quand le bonheur se fait attendre by Morgane, Israel

 

Aujourd’hui c’est la journée de la santé mentale, et a cette occasion, je voudrais vous parler de mes premiers mois de maman.

Ma première grossesse a été si facile, parfaite.

Après presque 3 ans d’infertilité, de traitements, de pauses et de doutes, j’ai vécu une grossesse finalement spontanée avec joie, avec un sentiment de paix et de force tranquille et avec une impatience une peu folle de rencontrer ce bébé que j’aimais déjà si fort. J’imaginais encore et encore notre première rencontre, les larmes aux yeux et le corps inondé d’ocytocine, et je n’en finissais pas d’accumuler ses premières affaires comme autant de petits trésors.

Bien sûr que ce serait difficile de devenir mère, mais tout au bonheur de mon ventre rond, j’y pensais à peine. Chaque chose en son temps, et c’était le temps de la puissance créatrice, de la relation imaginée, parfaite.

Et l’accouchement, aussi facile et apaisé que ma grossesse. Exactement comme je le souhaitais, comme je l’avais préparé. Exténuante, bien sûr, mais une expérience puissante.

Et la rencontre, enfin.

Mais pas de frissons. Pas de larmes de joie. Juste cette immense fatigue.

Je regarde ce tout petit visage encore tout boursouflé, j’inspecte ce petit corps, et je ne ressens rien. Peut-être un peu de curiosité, mais presque de la déception. Il est tellement différent de mon bébé imaginaire. Je trouve ça étrange, un peu honteux, mais je me trouve une excuse dans l’épuisement.

Mais les jours passent, avec des débuts d’allaitement très difficile, et peu de soutien à part celui d’un mari aussi perdu que moi face à ce petit être. Puis la jaunisse, mon bébé qui doit rester encore un peu à l’hôpital, et le sentiment qui commence à s’installer, insidieusement, que c’est de ma faute.

Je prends soin de lui de toutes mes forces, je me lance dans un combat sans fin contre mon corps qui n’arrive pas à nourrir mon enfant. Je me dis que le lait ne vient pas parce que l’amour n’est pas là. Que mon apathie émotionnelle est la cause des coliques, des maux de ventre, des reflux, des nuits presque sans sommeil. Je suis la cause de toutes ses souffrances. Nous pleurons tellement, tous les deux. Et cet amour, quand est-ce qu’il arrive ? Je ressens de la peur, de l’angoisse, du désespoir, une colère immense, de la rage parfois. On est bien loin de ma maternité rêvée.

Les mois passent, j’apprends à être à l’aise avec mon enfant, mais l’attachement prend encore son temps et la honte s’installe, comme mon silence. Les premiers mois, je questionnais souvent mon mari sur cette absence de sentiments. Puis je n’ai plus osé. Je n’en ai plus parlé à personne. Comment dire qu’on pense ne pas aimer cet enfant qu’on avait mis si longtemps à avoir ? J’osais à peine le formuler dans ma tête. Même avec la thérapiste que je voyais pourtant depuis des années, j’ai mis du temps à l’admettre. C’est pourtant ça qui m’a finalement aidé, que j’ai pu enfin voir que cet amour qui avait pris forme dans mon cœur en même temps que dans mon ventre, était bien là, qu’il avait toujours été là, caché dans les replis d’une dépression post-partum.

Une dépression peut arriver à n’importe qui, n’importe quand. Oser demander de l’aide est si difficile mais si important.

 

Retrouvez  les histoires, photos et publications de l’auteure de cet article sur son compte Instagram: https://www.instagram.com/morgane.koresh/

 


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