Opinion | Élections israéliennes: Ni libres ni justes by Dvir Aviam, Israël

 

Les prochaines élections israéliennes sont un exemple de l’érosion continue de la démocratie dans la région. Bien que certains développements représentent un espoir pour la jeunesse, les élections ont mis en doute la prétention israélienne d’être la «seule démocratie du Moyen-Orient».

 

Pour le lecteur non-informé, voici un bref résumé – les élections actuelles ont été organisées après que l’actuel Premier Ministre et candidat à sa propre succession, M. Netanyahu, ayant obtenu le plus grand pourcentage de votes, ne soit pas parvenu à constituer une coalition majoritaire, et donc à former un gouvernement avec le Parlement israélien: la Knesset.

 

Les élections en cours sont marquées par une polarisation croissante, en particulier de la part de groupes nationalistes radicaux de droite, et par des tensions accrues concernant les droits des citoyens palestiniens d’Israël.

 

La système démocratique israélien est certainement imparfait depuis sa création. De 1948 à 1966, Israël a gardé la minorité palestinienne non juive, soit 20% de sa population, sous la loi martiale qui limitait ses droits politiques et électoraux. Depuis 1967, tout en donnant aux palestiniens ayant la citoyenneté israélienne le droit de vote, Israël occupe la Cisjordanie, laissant de nouveau des millions de personnes sans voix au sein d’un système qui maintient un contrôle effectif sur ses habitants.

Mais bien qu’imparfaite, la démocratie israélienne s’est longtemps maintenue en Israël, autorisant des opinions libres et même des discussions limitées sur les atrocités et les erreurs commises dans le passé.

 

Cependant, cette fois-ci, dans sa tentative de conserver le pouvoir, M. Netanyahou et son parti, le “Likoud” (ironiquement traduit par “unité”) ont eu recours à plusieurs mesures antidémocratiques. Ils ont demandé à installer des caméras de surveillance à l’intérieur bureaux de vote situés dans les villes du pays à majorité arabe et, lorsque cette initiative a été dénoncée et déclarée illégale par le comité des élections, ils ont lancé un processus législatif accéléré, afin de l’autoriser malgré tout. 

 

Ils ont également tenté de faire interdire à la seule liste arabe de se présenter aux élections. Enfin, ils continuent d’accroître leur coopération avec des partis radicaux, dont le parti ultranationaliste «pouvoir juif», successeur du mouvement «Kach», qui a été banni et est aujourd’hui considéré comme une organisation terroriste presque partout dans le monde. 

 

Même face à l’opposition juive, le gouvernement utilise un langage incitatif et violent, remettant en question la loyauté, la raison et la moralité de ceux qui sont en désaccord avec le gouvernement, et diffusant des rumeurs sans fondement comme ce fut le cas avec l’ancien Premier ministre Ehud Barak, laissant entendre que celui-ci était un pédophile, en raison de ses liens présumés avec le milliardaire décédé Jeffrey Epstein.

 

Ce niveau d’incitation a abouti à une augmentation de la violence à l’encontre du bloc du centre-gauche, allant jusqu’au récent incident ou des coups de feu ont été tirés au moyen d’un pistolet à air comprimé sur une assemblée du parti centriste, blessant deux personnes.

 

Pour la première fois depuis 1967, on peut affirmer que des normes anti démocratiques sont en train de pénétrer dans le système démocratique israélien qui jusqu’ici, protégeait au moins les droits fondamentaux des citoyens et des civils occupés. Cette polarisation a eu pour résultat que les problèmes économiques (Israël connaissant sa pire crise du logement depuis sa création) et le processus de paix (en panne depuis des années) sont relégués au second plan et sont à peine évoqués durant la campagne électorale.

 

Tout ce qui vient d’être énoncé peut sembler comme un mauvais présage, mais il y a aussi de bonnes raisons d’être optimiste. Pour les prochaines élections, les partis de gauche on établit une coalition jointe; la liste du “Camp Démocratique”, axée sur la protection des minorités et des normes démocratiques. De plus, les quatre partis israélo-arabes ont réussi à s’unir, créant la “Liste Commune”, ce qui pourrait entraîner une augmentation du taux de participation et donc une représentation accrue des palestiniens citoyens d’Israël au Parlement. En outre, un mouvement judéo-arabe appelé “Debout ensemble” a réussi à inciter le principal candidat de l’opposition à annoncer qu’il ferait de son mieux pour nommer un ministre israélo-palestinien au sein du futur gouvernement.

 

Partout dans le monde, la droite populiste gagne du terrain. On ne peut qu’espérer que la jeunesse de tous les sexes, de toutes les croyances et de toutes les ethnies, s’unira pour protéger les institutions démocratiques et mettre en lumière des sujets émergents tels que le réchauffement climatique, les droits des LGBT et l’égalité des sexes pour tous.

 

De manière tout aussi importante, je voudrais souligner que si nous, citoyens israéliens, utilisons notre droit de vote le 17 septembre, nous ne devons pas oublier les millions de Palestiniens qui vivent en Cisjordanie et à Gaza et qui n’ont pas ce droit. Lorsque nous déterminons notre avenir, nous devrions également penser au leur. C’est pourquoi, lorsque je voterai dans quelques jours, je prévois de voter également pour mes voisins palestiniens, en soutenant un parti qui s’engage pour leurs droits, leurs libertés et leur bien-être.


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